Le Cadre Européen
Le Cadre Européen Commun de Référence pour les LanguesDictionnaireNiveaux, échelles, descripteurs 
LES NIVEAUX COMMUNS DE RÉFÉRENCE EXPLIQUÉS

Une analyse des fonctions, des notions, de la grammaire et du vocabulaire nécessaires pour réaliser les tâches communicatives décrites dans les échelles pourrait faire partie des opérations de développement de nouvelles batteries de spécifications langagières.

Le Niveau A1 (introductif ou de découverte Breakthrough) est le niveau le plus élémentaire d’utilisation de la langue à titre personnel – celui où l’apprenant est capable d’interactions simples ; peut répondre à des questions simples sur lui-même, l’endroit où il vit, les gens qu’il connaît et les choses qu’il a, et en poser ; peut intervenir avec des énoncés simples dans les domaines qui le concernent ou qui lui sont familiers et y répondre également, en ne se contentant pas de répéter des expressions toutes faites et préorganisées.

Le Niveau A2 (intermédiaire ou de survie) semble correspondre à la spécification du niveau Waystage. C’est à ce niveau que l’on trouvera la plupart des descripteurs qui indiquent les rapports sociaux tels que : utilise les formes quotidiennes de politesse et d’adresse ; accueille quelqu’un, lui demande de ses nouvelles et réagit à la réponse ; mène à bien un échange très court ; répond à des questions sur ce qu’il fait professionnellement et pour ses loisirs et en pose de semblables ; invite et répond à une invitation ; discute de ce qu’il veut faire, où, et fait les arrangements nécessaires ; fait une proposition et en accepte une. C’est ici que l’on trouvera également les descripteurs relatifs aux sorties et aux déplacements, version simplifiée de l’ensemble des spécifications transactionnelles du Niveau seuil pour adultes vivant à l’étranger telles que : mener à bien un échange simple dans un magasin, un bureau de poste ou une banque ; se renseigner sur un voyage ; utiliser les transports en commun : bus,
trains et taxis, demander des informations de base, demander son chemin et l’indiquer, acheter des billets ; fournir les produits et les services nécessaires au quotidien et les demander.

Le Niveau A2 +, au-dessus, correspond à une capacité supérieure au niveau du Waystage (Niveau intermédiaire ou de survie). On remarquera ici une participation plus active, encore que limitée et accompagnée d’aide, par exemple : est capable de lancer, poursuivre et clore une conversation simple à condition qu’elle soit en face à face ; comprend assez bien pour se débrouiller dans des échanges simples et courants sans effort excessif ; se fait comprendre pour échanger des idées et des informations
sur des sujets familiers dans des situations quotidiennes prévisibles, à condition que l’interlocuteur aide, le cas échéant ; arrive à communiquer sur des sujets élémentaires à condition de pouvoir demander de l’aide pour exprimer ce qu’il/elle veut ; se débrouille dans les situations quotidiennes dont le contenu est prévisible bien qu’en devant adapter le message et chercher ses mots ; interagit avec une relative aisance dans des situations structurées, en étant aidé(e), mais la participation à une discussion ouverte est beaucoup plus limitée ; et, de manière plus significative, une meilleure capacité à poursuivre un monologue, par exemple, exprime ses impressions en termes simples ; fait une longue description des données quotidiennes de son environnement comme les gens, les lieux, une expérience professionnelle ou académique ; décrit des activités passées et des expériences personnelles ; décrit des occupations quotidiennes et des habitudes ; décrit des projets et leur organisation ; explique ce qu’il/elle aime ou n’aime pas ; fait une description simple et courte d’événements et d’activités ; décrit des objets et animaux familiers ; utilise une langue descriptive simple pour parler brièvement d’objets et de choses qu’il/elle possède et les comparer.

Le Niveau B1 correspond aux spécifications du Niveau seuil pour un visiteur en pays étranger. Deux traits le caractérisent particulièrement. Le premier est la capacité à poursuivre une interaction et à obtenir ce que l’on veut dans des situations différentes, par exemple : en règle générale, suit les points principaux d’une discussion assez longue à son sujet, à condition que la diction soit claire et la langue standard ; donne ou sollicite des avis et opinions dans une discussion informelle entre amis ; fait passer de manière compréhensible l’opinion principale qu’il veut transmettre ; puise avec souplesse dans un large éventail de formes simples pour dire l’essentiel de ce qu’il veut ; peut poursuivre une conversation ou une discussion même si il/elle est quelquefois difficile à comprendre lorsqu’il/elle essaie de dire exactement ce qu’il/elle souhaite ; reste compréhensible, même si la recherche des mots et des formes grammaticales ainsi que la remédiation sont évidentes, notamment au cours de longs énoncés. Le deuxième trait est la capacité de faire face habilement aux problèmes de la vie quotidienne, par exemple : se débrouiller dans une situation imprévue dans les transports en commun ; faire face à l’essentiel de ce qui peut arriver lors de
l’organisation d’un voyage chez un voyagiste ou au cours du voyage ; intervenir sans préparation dans des conversations sur des sujets familiers ; faire une réclamation ; prendre des initiatives lors d’un entretien ou d’une consultation (par exemple, aborder un sujet nouveau) encore que l’on reste très dépendant de l’interlocuteur dans l’interaction ; demander à quelqu’un d’éclaircir ou de préciser ce qu’il/elle vient de dire.

Le Niveau B1 + correspond à un degré élevé du Niveau seuil. On y retrouve les deux mêmes traits caractéristiques auxquels s’ajoute un certain nombre de descripteurs qui se concentrent sur la quantité d’information échangée, par exemple : prend des messages sur des demandes de renseignements ou explique une difficulté ; apporte l’information concrète exigée dans un entretien ou une consultation (par exemple, décrit des symptômes à un médecin) mais avec une précision limitée ; explique pourquoi quelque chose pose problème ; donne son opinion sur une nouvelle, un article, un exposé, une discussion, un entretien, un documentaire et répond à des questions de détail complémentaires – les résume ; mène à bien un entretien préparé en vérifiant et confirmant l’information même s’il fait parfois faire répéter l’interlocuteur dans le cas où sa réponse est longue ou rapidement énoncée ; décrit comment faire quelque chose et donne des instructions détaillées ; échange avec une certaine assurance une grande quantité d’informations factuelles sur des questions habituelles ou non dans son domaine.

Le Niveau B2 correspond à un niveau intermédiaire, à la même distance au-dessus de B1 (Niveau seuil) que A2 (Niveau intermédiaire et de survie – Waystage) est au-dessous. Il vise à rendre compte des spécifications du Niveau avancé ou utilisateur indépendant (Vantage). D’après le dictionnaire de traduction anglais-français de Robert et Collins, « vantage » signifie : avantage, supériorité. Le Concise Oxford Dictionnary donne « advantage » comme synonyme (et précise que le terme est surtout
utilisé en tennis).
La métaphore est que, après avoir lentement mais sûrement progressé sur le plateau intermédiaire, l’apprenant découvre qu’il est arrivé quelque part, qu’il voit les choses différemment et qu’il a acquis une nouvelle perspective. Il semble que ce concept soit largement confirmé par les descripteurs de ce niveau-ci. Ils marquent une coupure importante avec ce qui précède. Par exemple, le degré élémentaire de ce niveau se concentre sur l’efficacité de l’argumentation : rend compte de ses opinions et les défend au cours d’une discussion en apportant des explications appropriées, des arguments et des commentaires ; développe un point de vue sur un sujet en soutenant tout à tour les avantages et les inconvénients des différentes options ; construit une argumentation logique ; développe une argumentation en défendant ou en accablant un point de vue donné ; expose un problème en signifiant clairement que le partenaire de la négociation doit faire des concessions ; s’interroge sur les causes, les conséquences, les situations hypothétiques ; prend une part active dans une discussion informelle dans un contexte familier, fait des commentaires, exprime clairement son point de vue, évalue les choix possibles, fait des hypothèses et y répond.
En second lieu, si l’on parcourt le niveau, on constate deux nouveaux points de convergence.
– Le premier est d’être capable de faire mieux que se débrouiller dans le discours social, par exemple : parler avec naturel, aisance et efficacité ; comprendre dans le détail ce que l’on vous dit dans une langue standard courante même dans un environnement bruyant ; prendre l’initiative de la parole, prendre son tour de parole au moment voulu et clore la conversation lorsqu’il faut, même si cela n’est pas toujours fait avec élégance ; utiliser des phrases toutes faites (par exemple « C’est une question difficile ») pour gagner du temps et garder son tour de parole en préparant ce que l’on va dire ; intervenir avec un niveau d’aisance et de spontanéité qui rend possibles les échanges avec les locuteurs natifs sans imposer de contrainte à l’une ou l’autre des parties ; s’adapter aux changements de sens, de style et d’insistance qui apparaissent
normalement dans une conversation ; poursuivre des relations avec des locuteurs natifs sans les amuser ou les irriter alors qu’on ne le souhaite pas ou exiger d’eux qu’ils se conduisent autrement qu’ils le feraient avec un locuteur natif.
– Le second point de convergence porte sur un nouveau degré de conscience de la langue : corriger les fautes qui ont débouché sur des malentendus ; prendre note des « fautes préférées » et contrôler consciemment le discours pour les traquer ; en règle générale, corriger les fautes et les erreurs aussitôt qu’on en prend conscience ; prévoir ce qu’on va dire et la façon dont on va le dire en tenant compte de l’effet sur le(s) destinataire(s). Tout bien considéré, il semble qu’il y ait là un nouveau seuil que l’apprenant devra franchir.

Au Niveau suivant B2 + – qui correspond au degré supérieur du Niveau avancé ou utilisateur indépendant (Vantage) – on a mis l’accent sur l’argumentation, un discours social efficace, et la conscience de la langue qui apparaît en B2 se poursuit ici. Néanmoins, on peut aussi interpréter l’accent mis sur l’argumentation et le discours social comme une importance nouvelle accordée aux capacités discursives. Ce nouveau degré de compétence discursive apparaît dans la gestion de la conversation (stratégies de coopération) : est capable de donner un feed-back et une suite aux déclarations et aux déductions des autres locuteurs et, ce faisant, de faciliter l’évolution de la discussion ; de mettre en relation adroitement sa propre contribution et celle des autres locuteurs. Il apparaît également dans la relation logique/cohésion : utilise un nombre limité d’articulateurs pour relier les phrases en un discours clair et suivi ; utilise une variété de mots de liaison efficacement pour indiquer le lien entre les idées ; soutient systématiquement une argumentation qui met en valeur les points significatifs et les points secondaires pertinents. Enfin, c’est à ce niveau que se concentrent les descripteurs portant sur la négociation : expose une demande de dédommagement en utilisant un discours convaincant et des arguments simples afin d’obtenir satisfaction ; énonce clairement les limites d’une concession.

(suite C1 - C2, voir p.33 Chap. 3)
Schémas possibles

Lors de l’élaboration de la spécification des épreuves d’une évaluation communicative, on peut consulter la description de « L’utilisation de la langue et l’utilisateur » du Chapitre 4 et, notamment, la Section 4.4 sur « Les activités langagières communicatives ». Il est désormais admis qu’une évaluation, pour être valide, exige que l’on dispose d’un échantillon de types représentatifs de discours. Par exemple, un test conçu récemment illustre ce point en ce qui concerne l’évaluation de l’expression orale. On y trouve d’abord une Conversation simulée qui joue le rôle de mise en train ; ensuite une Discussion informelle sur des sujets d’ordre général pour lesquels le candidat déclare son intérêt ; suivie d’une phase de Transaction, activité de recherche d’information soit en face à face, soit en conversation téléphonique simulée. Vient alors une phase de Production qui se réalise à travers un Rapport écrit dans lequel le candidat fournit une Description de son domaine et de ses projets universitaires.
Il y a enfin une Coopération finalisée, tâche de recherche de consensus entre deux candidats. (Chap. 9 p. 135)
Les utilisateurs du Cadre de référence envisageront et expliciteront selon le cas

– dans quelle mesure ils se préoccupent d’établir une batterie de niveaux pour enregistrer le progrès des savoir-faire dans le cadre de leur propre système

– dans quelle mesure ils se préoccupent de fournir des critères d’évaluation transparents pour les notes attribuées pour un niveau donné de compétence en vue d’un objectif, que ce soit dans un examen ou en évaluation en classe
Les programmes d’apprentissage et les certifications peuvent être

globaux, faisant progresser l’apprenant dans tous les domaines de la compétence langagière et de la compétence à la communication

modulaires, développant les compétences de l’apprenant dans un secteur limité pour un objectif bien déterminé

pondérés, accordant une importance particulière à tel ou tel aspect de l’apprentissage et conduisant à un « profil » dans lequel les savoirs et savoir-faire d’un même apprenant se situent à des niveaux plus ou moins élevés

partiels, ne prenant en charge que certaines activités et habiletés (la réception, par exemple) et laissant les autres de côté. Le Cadre commun doit être construit de manière à pouvoir intégrer ces différentes formules.
Le commentaire sur l’usage des descripteurs exige que l’on fasse une distinction entre

1. les descripteurs d’activités communicatives qui se trouvent au Chapitre 4

2. les descripteurs d’aspects de compétences particulières qui se trouvent au Chapitre 5.

Les premiers sont particulièrement adaptés à l’évaluation magistrale ou à l’auto-évaluation pour ce qui est des tâches authentiques de la vie réelle. Ces deux types d’évaluation se font sur la base de l’image détaillée de la capacité langagière que l’apprenant a développée pendant un cours. Leur intérêt réside dans le fait qu’elles peuvent aider à la fois l’enseignant et l’apprenant à se concentrer sur une approche actionnelle.
Toutefois, il n’est pas habituellement recommandé d’inclure des descripteurs d’activités communicatives dans les critères donnés à un examinateur pour noter une performance lors d’un test écrit ou oral si l’on veut que les résultats apparaissent en termes de niveau de compétence. En effet, pour rendre compte de la compétence, l’évaluation ne doit pas se focaliser sur une performance particulière mais tendre plutôt à juger les compétences généralisables mises en évidence par cette performance. Bien évidemment, il peut y avoir d’excellentes raisons éducatives de se focaliser sur la réussite d’une activité donnée, mais la généralisation des résultats n’est pas normalement au centre de l’attention que l’on porte à l’apprentissage de la langue à ses débuts. (Chap. 9 p. 136)