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| Le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues > Dictionnaire > Langue, pluriliguisme |
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L’usage d’une langue, y compris son apprentissage, comprend les actions accomplies par des gens qui, comme individus et
comme acteurs sociaux, développent un ensemble de compétences générales et, notamment une compétence à communiquer langagièrement. Ils mettent en oeuvre les compétences dont ils disposent dans des contextes et des conditions variés et en se pliant à différentes contraintes afin
de réaliser des
activités langagières permettant de traiter (en réception et en production) des textes portant sur des thèmes à l’intérieur de domaines particuliers, en mobilisant les stratégies qui paraissent le mieux convenir à l’accomplissement des tâches à
effectuer. Le contrôle de ces activités par les interlocuteurs conduit au renforcement ou à la modification des compétences. [...]
Il convient de garder à l’esprit le fait que le développement de la compétence à communiquer prend en compte des dimensions autres que purement linguistiques (par exemple, sensibilisation aux aspects socioculturels,
imaginatifs et affectifs ; aptitude à « apprendre à apprendre », etc.). (p. 12)
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Ces dernières années, le concept de plurilinguisme
a pris de l’importance dans l’approche qu’a le Conseil de l’Europe de l’apprentissage des langues. On distingue le « plurilinguisme » du « multilinguisme » qui est la connaissance d’un certain nombre de langues ou la coexistence de langues différentes dans une société
donnée. On peut arriver au multilinguisme simplement en diversifiant l’offre de langues dans une école ou un système éducatif
donnés, ou en encourageant les élèves à étudier plus d’une langue étrangère, ou en réduisant la place dominante de l’anglais dans la communication internationale. Bien au-delà, l’approche
plurilingue met l’accent sur le fait que, au fur et à mesure que l’expérience langagière d’un individu dans son contexte culturel s’étend de la langue familiale à celle du groupe social puis à celle d’autres groupes (que ce soit par apprentissage scolaire ou sur
le tas), il/elle ne classe pas ces langues et ces cultures dans des compartiments séparés mais construit plutôt une compétence communicative à laquelle contribuent toute connaissance et toute expérience des langues et dans laquelle les langues sont en corrélation et interagissent. Dans des situations
différentes, un locuteur peut faire appel avec souplesse aux différentes parties de cette compétence pour entrer efficacement en
communication avec un interlocuteur donné. Des partenaires peuvent, par exemple, passer d’une langue ou d’un dialecte à l’autre, chacun exploitant la capacité de l’un et de l’autre pour s’exprimer dans une langue et comprendre l’autre. D’aucun peut faire appel à sa
connaissance de différentes langues pour comprendre un texte écrit, voire oral, dans une langue a priori « inconnue », en reconnaissant des mots déguisés mais appartenant à un
stock international commun. Ceux qui ont une connaissance, même faible, peuvent aider ceux qui n’en ont aucune à communiquer par la médiation entre individus qui n’ont aucune langue en commun. En l’absence d’un médiateur, ces personnes peuvent toutefois parvenir à un certain niveau de
communication en mettant en jeu tout leur outillage langagier, en essayant des expressions possibles en différents dialectes ou langues, en exploitant le
paralinguistique (mimique, geste, mime, etc.) et en simplifiant radicalement leur usage de la langue.
De ce point de vue, le but de l’enseignement des langues se trouve profondément modifié. Il ne s’agit plus simplement d’acquérir la « maîtrise » d’une, deux, voire même trois
langues, chacune de son côté, avec le « locuteur natif idéal » comme ultime modèle. Le but est de développer un répertoire langagier dans lequel toutes les capacités linguistiques trouvent leur place. Bien évidemment, cela suppose que les langues offertes par les
institutions éducatives seraient diverses et que les étudiants auraient la possibilité de développer une compétence plurilingue. En outre, une fois admis le fait que l’apprentissage d’une langue
est le travail de toute une vie, le développement de la motivation, de la capacité et de la confiance à affronter une nouvelle expérience langagière hors du milieu scolaire devient primordial. La responsabilité des autorités éducatives, des jurys d’examen
et des enseignants ne peut se borner à ce que soit acquis un niveau de compétence donné dans telle ou telle langue à un moment donné, aussi important cela soit-il. (Chap. 1 p.11)
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Les utilisateurs du Cadre de référence peuvent souhaiter examiner et, quand il convient, déclarer
– si les apprenants concernés ont déjà une expérience de la pluralité linguistique et culturelle et de quelle nature est cette expérience
– si les apprenants concernés sont déjà en mesure, même de manière rudimentaire, d’opérer dans plusieurs communautés linguistiques et/ou culturelles et comment cette compétence se
distribue et se différencie suivant les contextes d’usage et les activités langagières
– quelle expérience de la pluralité linguistique et culturelle les apprenants concernés peuvent avoir, dans le moment même de leur apprentissage (par exemple, parallèlement à et en dehors de la
fréquentation d’une institution de formation)
– comment cette expérience peut être mise à profit dans la poursuite de l’apprentissage
– quels ordres d’objectifs paraissent le mieux convenir aux apprenants concernés (voir 7.2.) à un moment donné de leur construction d’une compétence plurilingue et pluriculturelle et compte tenu
aussi bien de leurs caractéristiques, attentes, intérêts, projets et besoins que de leurs parcours antérieurs et de leurs ressources actuelles
– comment favoriser, pour les apprenants concernés, le décloisonnement et la mise en relation effective des différentes composantes de la compétence plurilingue et pluriculturelle en voie de construction
; comment notamment développer l’attention et le recours à ce qui est transférable, transversal, déjà disponible dans la connaissance et l’usage
– quelles compétences partielles (de quelle nature et de quelle fonctionnalité) peuvent, pour les apprenants concernés, venir enrichir, complexifier et différencier les compétences déjà installées
– comment insérer le travail d’apprentissage portant sur une langue ou une culture particulière, de manière cohérente, à l’intérieur d’un curriculum d’ensemble où se
développe l’expérience de plusieurs langues et de plusieurs cultures
– quelles options, quels scénarios différenciés existent pour les apprenants concernés dans la gestion de leur parcours de développement d’une compétence diversifiée ; quelles économies
d’échelle sont, le cas échéant, envisageables et réalisables
– quelles modalités d’organisation de l’apprentissage (par exemple, de type modulaire) seront de nature à favoriser, pour les apprenants concernés, cette gestion de parcours
– quelles modalités d’évaluation permettront d’apprécier et de valoriser les compétences partielles et la compétence plurilingue et pluriculturelle diversifiée des apprenants concernés.
(Chap. 8 P. 134)
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Plurilinguisme et pluriculturalisme
Il faut resituer le plurilinguisme dans le contexte du pluriculturalisme. La langue n’est pas seulement une donnée essentielle de la culture, c’est aussi un moyen d’accès aux manifestations de la culture.
L’essentiel de ce qui est énoncé ci-dessus s’applique également au domaine le plus général. Les différentes cultures (nationale, régionale, sociale) auxquelles quelqu’un a accédé ne coexistent pas simplement côte à côte dans sa compétence
culturelle. Elles se comparent, s’opposent et interagissent activement pour produire une compétence pluriculturelle enrichie et intégrée dont la compétence plurilingue est l’une des composantes, elle même interagissant avec d’autres composantes. (chap. 1 p. 12)
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