Afin de mener à bien les tâches et activités exigées pour traiter les situations communicatives dans lesquelles ils se trouvent, les utilisateurs et les apprenants utilisent un certain nombre de compétences acquises
au cours de leur expérience antérieure. En retour, la participation à des événements de communication (y compris, bien sûr, ceux qui visent l’apprentissage de la langue) a pour conséquence l’accroissement des compétences de
l’apprenant à moyen et à long terme.
Toutes les compétences humaines contribuent, d’une façon ou d’une autre, à la capacité de communiquer de l’apprenant et peuvent être considérées comme des facettes de la compétence à communiquer. Toutefois, il peut être utile de distinguer celles qui ne sont pas directement en relation avec la langue des compétences linguistiques proprement dites.
COMPÉTENCES GÉNÉRALES
Savoir
- Culture générale (connaissance du monde)
Les adultes ont, dans leur ensemble, une image du monde et de ses mécanismes extrêmement développée, claire et précise, en proximité étroite avec le vocabulaire et la grammaire de leur langue maternelle.
En fait, image du monde et langue maternelle se développent en relation l’une à l’autre. On peut poser la question « Qu’est-ce que c’est ? » pour nommer un phénomène nouvellement observé ou pour le sens (référent) d’un nouveau
mot. Les traits fondamentaux de ce modèle se développent complètement dans la petite enfance puis s’enrichissent par l’éducation et l’expérience au cours de l’adolescence et également de la vie adulte. La communication dépend de la congruence du découpage du monde et de
la langue intégrés par les interlocuteurs.
L’un des buts de la science est de s’efforcer de découvrir la structure et les mécanismes de l’univers et de fournir une terminologie standard pour s’y référer et les décrire.
La langue courante suit une voie plus organique et la relation entre les catégories de forme et le sens varie un tant soit peu d’une langue à l’autre encore que dans des limites étroites imposées par la
nature effective de la réalité. La différence est plus grande dans le domaine social que dans les relations à l’environnement physique bien que deux langues différencient les phénomènes naturels en fonction de leur sens pour la vie de la
communauté. Il arrive souvent que, dans l’enseignement d’une langue seconde ou étrangère, on parte du principe que les apprenants ont déjà acquis une connaissance du monde suffisante pour faire la part de ces choses. On est pourtant loin qu’il en soit toujours ainsi (voir 2.1.1)
La connaissance du monde englobe la connaissance (qu’elle soit acquise par l’expérience, par l’éducation ou par l’information,
etc.)
– des lieux, institutions et organismes, des personnes, des objets, des faits, des processus et des opérations dans différents domaines (voir le tableau 5 en 4.1.2, p. 43, pour des exemples). La connaissance factuelle
du ou des pays dans lesquels la langue en cours d’apprentissage est parlée est de première importance pour l’apprenant. Cela recouvre les principales données géographiques, démographiques, économiques et politiques.
– des classes d’entités (concret/abstrait, animé/inanimé, etc.), de leurs propriétés et relations (spatio-temporel, associatif, analytique, logique, cause/effet, etc.) telles qu’elles sont exposées,
par exemple dans Threshold Level 1990, Chapitre 6. [...]
À proprement parler, la connaissance de la société et de la culture de la (ou des) communauté(s) qui parle(nt) une langue est
l’un des aspects de la connaissance du monde. C’est cependant assez important pour mériter une attention particulière puisque, contrairement à d’autres types de connaissances, il est probable qu’elles
n’appartiennent pas au savoir antérieur de l’apprenant et qu’elles sont déformées par des stéréotypes.
Les traits distinctifs caractéristiques d’une société européenne donnée et de sa culture peuvent être en rapport avec différents aspects.
1. La vie quotidienne, par exemple :
– nourriture et boisson, heures des repas, manières de table
– congés légaux
– horaires et habitudes de travail
– activités de loisir (passe-temps, sports, habitudes de lecture, médias).
2. Les conditions de vie, par exemple :
– niveaux de vie (avec leurs variantes régionales, ethniques et de groupe social)
– conditions de logement
– couverture sociale.
3. Les relations interpersonnelles (y compris les relations de pouvoir et la solidarité) en fonction de, par exemple :
– la structure sociale et les relations entre les classes sociales
– les relations entre les sexes (courantes et intimes)
– la structure et les relations familiales
– les relations entre générations
– les relations au travail
– les relations avec la police, les organismes officiels, etc.
– les relations entre races et communautés
– les relations entre les groupes politiques et religieux.
4. Valeurs, croyances et comportements en relation à des facteurs ou à des paramètres tels que
– la classe sociale
– les groupes socioprofessionnels (universitaires, cadres, fonctionnaires, artisans et travailleurs manuels)
– la fortune (revenus et patrimoine)
– les cultures régionales
– la sécurité
– les institutions
– la tradition et le changement
– l’histoire
– les minorités (ethniques ou religieuses)
– l’identité nationale
– les pays étrangers, les états, les peuples
– la politique
– les arts (musique, arts visuels, littérature, théâtre, musique et chanson populaire)
– la religion
– l’humour.
5. Langage du corps (voir 4.4.5) : connaissance des conventions qui régissent des comportements qui font partie de la compétence
socioculturelle de l’usager/apprenant.
6. Savoir-vivre, par exemple les conventions relatives à l’hospitalité donnée et reçue
– la ponctualité
– les cadeaux
– les vêtements
– les rafraîchissements, les boissons, les repas
– les conventions et les tabous de la conversation et du comportement
– la durée de la visite
– la façon de prendre congé.
7. Comportements rituels dans des domaines tels que
– la pratique religieuse et les rites
– naissance, mariage, mort
– attitude de l’auditoire et du spectateur au spectacle
– célébrations, festivals, bals et discothèques, etc.
- Prise de conscience interculturelle
La connaissance, la conscience et la compréhension des relations, (ressemblances et différences distinctives) entre « le monde d’où l’on vient » et « le monde de la communauté cible »
sont à l’origine d’une prise de conscience interculturelle. Il faut souligner que la prise de conscience interculturelle inclut la conscience de la diversité régionale et sociale des deux mondes.
Elle s’enrichit également de la conscience qu’il existe un plus grand éventail de cultures que celles véhiculées par les L1 et L2 de l’apprenant. Cela aide à les situer toutes deux en contexte.
Outre la connaissance objective, la conscience interculturelle englobe la conscience de la manière dont chaque communauté apparaît dans l’optique de l’autre, souvent sous la forme de stéréotypes nationaux.
Aptitudes et savoir-faire
- Aptitudes pratiques et savoir-faire
Les aptitudes pratiques et les savoir-faire comprennent
– les aptitudes sociales : la capacité de se conduire selon les principes énoncés en 5.1.1.2. ci-dessus et les usages en vigueur (le savoir-vivre) dans la mesure où cela est considéré convenable,
notamment pour des étrangers
– les aptitudes de la vie quotidienne : la capacité de mener à bien efficacement les actes courants de la vie quotidienne (faire sa toilette, s’habiller, marcher, faire la cuisine, manger, etc.) ; l’entretien
et la réparation de l’équipement ménager, etc.
– les aptitudes techniques et professionnelles : la capacité d’effectuer les actions mentales et physiques spécialisées exigées pour remplir les devoirs de sa tâche (salarié et travailleur
indépendant)
– les aptitudes propres aux loisirs : la capacité d’effectuer efficacement les actes requis par des activités de loisirs, par exemple :
- les arts (peinture, sculpture, musique, etc.)
- l’artisanat et le bricolage (tricot, broderie, tissage, vannerie, menuiserie, etc.)
- les sports (sports d’équipe, athlétisme, course à pieds, escalade, natation, etc.)
- les passe-temps (photographie, jardinage, etc.).
- Aptitudes et savoir-faire interculturels
Les aptitudes et les savoir-faire interculturels comprennent
– la capacité d’établir une relation entre la culture d’origine et la culture étrangère
– la sensibilisation à la notion de culture et la capacité de reconnaître et d’utiliser des stratégies variées pour établir le contact avec des gens d’une autre culture
– la capacité de jouer le rôle d’intermédiaire culturel entre sa propre culture et la culture étrangère et de gérer efficacement des situations de malentendus et de conflits culturels
– la capacité à aller au-delà de relations superficielles stéréotypées.
Savoir-être
L’activité de communication des utilisateurs/apprenants est non seulement affectée par leurs connaissances, leur compréhension et leurs aptitudes mais aussi par des facteurs personnels liés à leur personnalité
propre et caractérisés par les attitudes, les motivations, les valeurs, les croyances, les styles cognitifs et les types de personnalité qui constituent leur identité. Cela recouvre :
1. les attitudes, telles que le niveau de l’utilisateur/apprenant en termes
– d’ouverture et d’intérêt envers de nouvelles expériences, les autres, d’autres idées, d’autres peuples, d’autres civilisations
– de volonté de relativiser son point de vue et son système de valeurs culturels
– de volonté et de capacité de prendre ses distances par rapport aux attitudes conventionnelles relatives aux différences
culturelles
2. les motivations
– internes/externes
– instrumentales/intégratives
– désir de communiquer, besoin humain de communiquer
3. les valeurs comme, par exemple, l’éthique et la morale
4. les croyances, par exemple religieuses, idéologiques, philosophiques
5. les styles cognitifs (convergent/divergent ; holistique/analytique/synthétique)
6. les traits de la personnalité, par exemple :
– silencieux/bavard
– entreprenant/timide
– optimiste/pessimiste
– introverti/extraverti
– pro actif/réactif
– sens de la culpabilité ou pas
– (absence de) peur ou embarras
– rigide/souple
– ouverture/étroitesse d’esprit
– spontané/retenu
– intelligent ou pas
– soigneux/négligent
– bonne mémoire ou pas
– industrieux/paresseux
– ambitieux ou pas
– conscient de soi ou pas
– confiant en soi ou pas
– (in)dépendant
– degré d’amour-propre
– etc.
Les facteurs personnels et comportementaux n’affectent pas seulement le rôle des utilisateurs/apprenants d’une langue dans des actes de communication mais aussi leur capacité d’apprendre. Beaucoup considèrent
que le développement d’une « personnalité interculturelle » formée à la fois par les attitudes et la conscience des choses constitue en soi un but éducatif important.
Des questions se posent, de type éthique et pédagogique, telles que
– Dans quelle mesure le développement de la personnalité peut-il être un objectif éducatif explicite ?
– Comment réconcilier le relativisme culturel avec l’intégrité morale et éthique ?
– Quels traits de la personnalité a. facilitent, b. entravent l’apprentissage et l’acquisition d’une langue étrangère ou seconde ?
– Comment aider les apprenants à exploiter leurs forces et à surmonter leurs faiblesses ?
– Comment réconcilier la diversité des personnalités avec les contraintes que subissent et qu’imposent les systèmes éducatif ?
Savoir-apprendre
Au sens large, il s’agit de la capacité à observer de nouvelles expériences, à y participer et à intégrer cette nouvelle connaissance quitte à modifier les connaissances antérieures.
Les aptitudes à apprendre se développent au cours même de l’apprentissage.
Elles donnent à l’apprenant la capacité de relever de façon plus efficace et plus indépendante de nouveaux défis dans l’apprentissage d’une langue, de repérer les choix différents à opérer et de faire le meilleur usage des possibilités offertes.
Elle a plusieurs composantes, telles que
– conscience de la langue et de la communication (5.1.4.1)
– aptitudes phonétiques (5.1.4.2)
– aptitudes à l’étude (5.1.4.3)
– aptitudes (à la découverte) heuristiques
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