Le Cadre Européen
Le Cadre Européen Commun de Référence pour les LanguesDescripteursPar niveaux 
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OPÉRATIONS DE COMMUNICATION LANGAGIÈRE (Chapitre 4, p.75)

Pour se conduire en locuteur, scripteur, auditeur ou lecteur, l’apprenant doit être capable de mener à bien une suite d’activités exigeant des aptitudes.

Pour parler, l’apprenant doit être capable
– de prévoir et organiser un message (aptitudes cognitives)
– de formuler un énoncé (aptitudes linguistiques)
– de prononcer cet énoncé (aptitudes phonétiques).

Pour écrire, l’apprenant doit être capable
– d’organiser et formuler le message (aptitudes cognitives et linguistiques)
– d’écrire ce texte à la main ou à la machine (aptitudes motrices) ou encore le transcrire.

Pour écouter, l’apprenant doit être capable
– de percevoir l’énoncé (aptitudes perceptives auditives)
– d’identifier le message linguistique (aptitudes linguistiques)
– de comprendre le message (aptitudes sémantiques)
– d’interpréter le message (aptitudes cognitives).

Pour lire, le lecteur doit être capable
– de percevoir le texte écrit (aptitudes visuelles)
– de reconnaître le graphisme (aptitudes orthographiques)
– d’identifier le message (aptitudes linguistiques)
– de comprendre le message (aptitudes sémantiques)
– d’interpréter le message (aptitudes cognitives).
Les étapes observables de ces opérations sont connues et comprises. Les autres, telles que ce qui se passe dans le système nerveux central, ne le sont pas. L’analyse suivante n’a d’autre ambition que d’identifier quelques-unes des étapes du processus qui sont pertinentes pour le développement de la compétence langagière.

La planification

C’est la sélection, l’articulation et la coordination des composantes des compétences langagières générales et communicatives (voir Chapitre 5) mises en oeuvre dans l’acte de communication afin de réaliser les intentions communicatives de l’apprenant/utilisateur.

L’exécution

     La production
La production s’articule autour de deux composantes.

• La composante relative à la formulation traite le produit de la planification et l’assemble sous forme langagière. Cela inclut des opérations lexicales, grammaticales, phonologiques (et, dans le cas de l’écrit, orthographiques) distinctes, qui paraissent relativement indépendantes (par exemple, les cas de dysphasie) mais dont on ne comprend pas complètement la relation exacte.
• La composante articulatoire organise la mise en marche de l’appareil vocal afin de transformer le produit des opérations phonologiques en mouvements coordonnés des organes de la parole pour produire une suite d’ondes sonores qui constituent l’énoncé parlé ou, alternativement, la motricité des muscles de la main pour produire un texte manuscrit ou dactylographié.

     La réception
Le processus de réception s’organise en quatre étapes qui, tout en se déroulant selon une suite linéaire (de bas en haut) sont constamment mises à jour et ré-interprétées (de haut en bas) en fonction de la réalité, des attentes et de la compréhension textuelle nouvelle, dans un processus interactif inconscient. Ces quatre étapes de perception de la parole et de l’écriture sont
– la reconnaissance des sons, des graphismes et des mots (manuscrits et imprimés)
– la reconnaissance de la pertinence du texte, complet
– la compréhension du texte comme une entité linguistique
– l’interprétation du message dans le contexte.
Les aptitudes mises en oeuvre lors de ce processus de réception incluent
– des aptitudes perceptives
– la mémoire
– des aptitudes au décodage
– la déduction
– l’anticipation
– l’imagination
– le balayage rapide (ou lecture en diagonale)
– les références croisées.
La compréhension, notamment de textes écrits, peut être facilitée par l’utilisation convenable d’aides parmi lesquelles les usuels tels que
– dictionnaires (monolingues et bilingues)
thesaurus
– dictionnaires de prononciation
– dictionnaires électroniques, grammaire, vérificateurs orthographiques et tout autre aide
– grammaires de référence.

     L’interaction
L’interaction orale se différencie de plusieurs manières de la simple juxtaposition des activités de parole et d’écoute.
– Les processus réceptif et productif se chevauchent. Pendant qu’il traite l’énoncé encore inachevé du locuteur, l’interlocuteur planifie sa réponse sur la base d’hypothèses quant à la nature de cet énoncé, de son sens et de son interprétation.
– Le discours est cumulatif. Au fur et à mesure que l’interaction progresse, les participants convergent dans la lecture de la situation, élaborent des attentes et se concentrent sur les points pertinents. Ces opérations se reflètent dans la forme des énoncés produits.
En ce qui concerne l’interaction écrite (par exemple, correspondance par lettre, télécopie ou courrier électronique) les opérations de réception et de production sont distinctes (encore que l’interaction électronique, sur Internet par exemple, se rapproche de plus en plus de l’interaction en temps réel). Les effets des discours cumulés sont semblables à ceux de l’interaction orale.

Le contrôle

La composante stratégique traite de la mise à jour des compétences et des activités mentales au cours de la communication ; cela s’applique également aux opérations productives et réceptives. Il faut remarquer que l’un des facteurs importants du contrôle des opérations productives est le feed-back que le locuteur/scripteur reçoit à chacune des étapes : formulation, articulation et perception acoustique.
Plus largement, la compétence stratégique entre aussi en jeu pour le contrôle du processus communicatif durant sa réalisation ainsi que pour la manière de gérer ce processus en conséquence, par exemple :
– traiter l’aléatoire que constituent les changements de domaine, de thème, etc.
– traiter les ruptures de communication dans l’interaction ou la production dues à des facteurs tels que
- les trous de mémoire
- l’inadéquation de la compétence communicative pour la tâche en cours et l’utilisation de stratégies de compensation comme la restructuration, la périphrase, la substitution, la demande d’aide
- les malentendus et les ambiguïtés (par la demande de clarification)
- les lapsus, l’incompréhension d’un mot mal entendu (par l’utilisation de stratégies de remédiation).