La compétence linguistique est traitée ici au sens formel. Du point de vue de la linguistique théorique ou descriptive, la langue est un système symbolique d’une grande complexité. Lorsqu’on essaie, comme c’est ici le cas, de séparer les très nombreuses composantes différentes de la compétence communicative, on peut, en toute légitimité, identifier la connaissance (largement inconsciente) de la structure formelle et la capacité à la manipuler
comme une de ces composantes. Combien de cette analyse formelle devrait entrer dans l’enseignement ou l’apprentissage des langues (pour autant, en fait, que ce soit nécessaire) est une autre affaire.
L’approche notionnelle/fonctionnelle adoptée par les publications du Conseil de l’Europe Waystage 1990, Threshold Level 1990 et Vantage Level (et, pour le français, Niveau Seuil 1976)
propose une alternative au traitement de la compétence linguistique de cette section (5.2.1.3). Au lieu de partir des formes de la langue et de leur sens, on part d’un classement systématique des fonctions et des notions communicatives, divisées en général et
spécifiques et on ne traite qu’après les formes lexicales et grammaticales qui les expriment. Les approches sont des façons complémentaires de traiter « la double articulation du langage ».
Les langues sont fondées sur une organisation de la forme et une organisation du sens. Ces deux types d’organisation se recoupent de façon largement arbitraire. Une description basée sur l’organisation
des formes d’expression fait éclater le sens et celle basée sur l’organisation du sens fait éclater la forme. Ce que l’utilisateur préférera dépend de la finalité de la description.
Le succès de l’approche du Threshold Level révèle que, pour de nombreux praticiens, il est plus économique d’aller du sens à la forme que, comme dans les pratiques plus traditionnelles, d’organiser
la progression en termes purement formels. D’un autre côté, certains peuvent préférer utiliser une « grammaire communicative » comme, par exemple, dans le Niveau seuil français.
Ce qui reste clair c’est que l’apprenant de langue doit acquérir et la forme et le sens. (Chap. 5 p.91)
ÉTENDUE LINGUISTIQUE GÉNÉRALE
C2 Peut exploiter la maîtrise exhaustive et fiable d’une gamme très étendue de discours pour
formuler précisément sa pensée, insister, discriminer et lever l’ambiguïté. Ne montre aucun signe de devoir réduire ce qu’il/elle veut dire.
C1 Peut choisir la formulation appropriée dans un large répertoire de discours pour exprimer sans restriction
ce qu’il/elle veut dire.
B2 Peut s’exprimer clairement et sans donner l’impression d’avoir à restreindre ce qu’il/elle
souhaite dire.
Possède une gamme assez étendue de langue pour pouvoir faire des descriptions claires, exprimer son point de vue et développer une argumentation sans chercher ses mots de manière évidente et en utilisant
des phrases complexes.
B1 Possède une gamme assez étendue de langue pour décrire des situations imprévisibles,
expliquer le point principal d’un problème ou d’une idée avec assez de précision et exprimer sa pensée sur des sujets abstraits ou culturels tels que la musique ou le cinéma.
Possède suffisamment de moyens linguistiques pour s’en sortir avec quelques hésitations et quelques périphrases sur des sujets tels que la famille, les loisirs et centres d’intérêt, le travail,
les voyages et l’actualité mais le vocabulaire limité conduit à des répétitions et même parfois à des difficultés de formulation.
ÉTENDUE DU VOCABULAIRE
C2 Possède une bonne maîtrise d’un vaste répertoire lexical d’expressions idiomatiques
et courantes avec la conscience du
niveau de connotation sémantique.
C1 Possède une bonne maîtrise d’un vaste répertoire lexical lui permettant de surmonter
facilement les lacunes par des périphrases avec une recherche peu apparente d’expressions et de stratégies d’évitement. Bonne maîtrise d’expressions idiomatiques et familières.
B2 Possède une bonne gamme de vocabulaire pour les sujets relatifs à son domaine et les sujets les
plus généraux. Peut varier sa formulation pour éviter de répétitions fréquentes, mais des lacunes lexicales peuvent encore provoquer des hésitations et l’usage de périphrases.
B1 Possède un vocabulaire suffisant pour s’exprimer à l’aide de périphrases sur
la plupart des sujets relatifs à sa vie quotidienne tels que la famille, les loisirs et les centres d’intérêt, le travail, les voyages et l’actualité.
A2 Possède un vocabulaire suffisant pour mener des transactions quotidiennes courantes dans des situations et
sur des sujets familiers.
Possède un vocabulaire suffisant pour satisfaire les besoins communicatifs élémentaires.
Possède un vocabulaire suffisant pour satisfaire les besoins primordiaux.
A1 Possède un répertoire élémentaire de mots isolés et d’expressions relatifs à
des situations concrètes particulières.
MAÎTRISE DU VOCABULAIRE
C2 Utilisation constamment correcte et appropriée du vocabulaire.
C1 À l’occasion, petites bévues, mais pas d’erreurs de vocabulaire significatives.
B2 L’exactitude du vocabulaire est généralement élevée bien que des confusions et
le choix de mots incorrects se produisent
sans gêner la communication.
B1 Montre une bonne maîtrise du vocabulaire élémentaire mais des erreurs sérieuses se produisent
encore quand il s’agit d’exprimer une pensée plus complexe.
A2 Possède un répertoire restreint ayant trait à des besoins quotidiens concrets.
A1 Pas de descripteur disponible.
CORRECTION GRAMMATICALE
C2 Peut maintenir constamment un haut niveau de correction grammaticale même lorsque l’attention
se porte ailleurs (par
exemple, la planification ou l’observation des réactions de l’autre).
C1 Peut maintenir constamment un haut degré de correction grammaticale ; les erreurs sont rares et difficiles à repérer.
B2 A un bon contrôle grammatical ; des bévues occasionnelles, des erreurs non systématiques
et de petites fautes
syntaxiques peuvent encore se produire mais elles sont rares et peuvent souvent être corrigées rétrospectivement.
A un assez bon contrôle grammatical. Ne fait pas de fautes conduisant à des malentendus
B1 Communique avec une correction suffisante dans des contextes familiers ; en règle générale, a un
bon contrôle grammatical malgré de nettes influences de la langue maternelle. Des erreurs peuvent se produire mais le sens général reste clair.
Peut se servir avec une correction suffisante d’un répertoire de tournures et expressions fréquemment utilisées et
associées à des situations plutôt prévisibles.
A2 Peut utiliser des structures simples correctement mais commet encore systématiquement des erreurs élémentaires
comme, par exemple, la confusion des temps et l’oubli de l’accord. Cependant le sens général reste clair.
A1 A un contrôle limité de structures syntaxiques et de formes grammaticales simples appartenant à un répertoire mémorisé.
MAÎTRISE DU SYSTÈME PHONOLOGIQUE
C2 Comme C1
C1 Peut varier l’intonation et placer l’accent phrastique correctement afin d’exprimer de
fines nuances de sens.
B2 A acquis une prononciation et une intonation claires et naturelles.
B1 La prononciation est clairement intelligible même si un accent étranger est quelquefois perceptible
et si des erreurs de prononciation proviennent occasionnellement.
A2 La prononciation est en général suffisamment claire pour être comprise malgré un net
accent étranger mais l’interlocuteur devra parfois faire répéter.
A1 La prononciation d’un répertoire très limité d’expressions et de mots mémorisés
est compréhensible avec quelque effort pour un locuteur natif habitué aux locuteurs du groupe linguistique de l’apprenant/utilisateur.
MAÎTRISE DE L’ORTHOGRAPHE
C2 Les écrits sont sans faute d’orthographe.
C1 La mise en page, les paragraphes et la ponctuation sont logiques et facilitants. L’orthographe est exacte à l’exception de quelques lapsus.
B2 Peut produire un écrit suivi, clair et intelligible qui suive les règles d’usage de la mise
en page et de l’organisation.
L’orthographe et la ponctuation sont relativement exacts mais peuvent subir l’influence de la langue maternelle.
B1 Peut produire un écrit suivi généralement compréhensible tout du long.
L’orthographe, la ponctuation et la mise en page sont assez justes pour être suivies facilement le plus souvent.
A2 Peut copier de courtes expressions sur des sujets courants, par exemple les indications pour aller quelque part.
Peut écrire avec une relative exactitude phonétique (mais pas forcément orthographique) des mots courts qui
appartiennent à son vocabulaire oral.
A1 Peut copier de courtes expressions et des mots familiers, par exemple des signaux ou consignes simples,
le nom des objets quotidiens, le nom des magasins et un ensemble d’expressions utilisées régulièrement.
Peut épeler son adresse, sa nationalité et d’autres informations personnelles de ce type.
+ Compétence orthoépique
Réciproquement, les utilisateurs amenés à lire un texte préparé à haute voix, ou à utiliser dans un discours des mots rencontrés pour la première fois sous leur forme écrite, devront être capables de produire une prononciation correcte à partir de la forme écrite. .[...] (p. 92)
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